Stéphane Arnoux

Etudiant-chercheur en Arts du Spectacle à l'Université Paris X Nanterre

Organisateur des Rencontres du Théâtre Universitaire

133 rue Damrémont, 75018 Paris

Tél : 01 42 55 50 25


Lettre ouverte à M. André Legrand, Président de l'Université Paris X Nanterre

 

Monsieur,

 

Il me semble qu'aujourd'hui, pour la seconde fois de son histoire, l'Université Paris X Nanterre ne fait pas grand cas de la culture et renoue par votre entremise avec le temps de la censure.

 

Notre projet de Rencontres du Théâtre Universitaire a pour but de permettre la diffusion des spectacles produits dans et par notre université, dans le Théâtre Bernard-Marie Koltès construit à cet effet par notre université, et il génère l'organisation des Etats Généraux du théâtre universitaire, moment de discussion des compagnies vers l'établissement d'un projet culturel d'envergure dans lequel nous pourrions disposer enfin d'un statut approprié.

 

Alors qu'une discussion sur projets est entreprise avec la DRAC par notre université pour permettre une programmation cohérente pour la saison prochaine avec des troupes en résidence, cette manifestation est pour nous l'unique occasion de pouvoir déposer un projet permettant aux troupes de théâtre étudiantes de pouvoir encore disposer du théâtre à la rentrée pour produire nos spectacles.

 

Or, il apparaît depuis quelques mois que les ambitions de Paris X sont toutes autres: le théâtre serait mis entre les mains de professionnels de la culture qui pourraient trouver à Paris X de la main d'oeuvre à bon marché pour leur production personnelle, dans le cadre d'un projet qui occulterait toutes les initiatives prises par les étudiants au profit d'une politique de rayonnement et non au profit du droit à la culture.

 

Par ailleurs, les actions de votre part pour empêcher cette manifestation ont été nombreuses et diverses depuis le dépôt des projets :

 

- Tous les spectacles présentés en début d'année et ayant obtenu des subventions du CROUS, de la CSE ou de la DRAC n'ont pas été programmés, ce qui nous a contraint à organiser une manifestation générique leur permettant une date unique de diffusion.

 

- Après le dépôt de ce projet, il a fallu trois semaines de négociations pour pouvoir disposer de trois jours pour produire et diffuser sept spectacles et les débats prévus. Durant ces trois semaines de négociation, nous avons appris qu'il était question de prévoir à la dernière minute des répétitions au théâtre au même moment pour le Théâtre des Amandiers à qui le feu vert a été donné pour reprendre l'éclairage du théâtre prêté dans le cadre d'une convention, partant du principe que notre manifestation n'existait pas.

 

- Nous-mêmes, pour nos sept spectacles, nous n'avons pu disposer d'une seule journée de répétition, ce qui nous a contraint à demander asile au Théâtre du Soleil, où Ariane Mnouchkine a accueilli pendant deux semaines les répétitions de Mahagonny, le spectacle que présente ma Compagnie.

 

- Et, dernière nouvelle, j'apprends que vous ordonnez la fermeture du bâtiment à 20h pendant le temps de notre manifestation, heure à laquelle il est prévu que commencent les spectacles.

 

Je vous rappelle que les projets rassemblés par cette manifestation sont produits avec le CROUS et la CSE de Paris X, qu'ils ont reçu l'autorisation de représentation par la SACD, qu'ils réunissent les aspirations de dizaines de Compagnies qui croient encore qu'il est possible de diffuser la culture à l'université, que la communication des Rencontres a commencé depuis plus de deux mois et que nous n'entendons pas renoncer à notre droit inaliénable.

 

Il n'est pas possible de croire qu'il puisse s'agir d'un regrettable oubli de votre part, tant les signes d'une mauvaise volonté sont nombreux, et il n'est pas pensable que vous censuriez ainsi une manifestation culturelle entreprise par les forces vives de votre établissement avec l'argent et le concours de celui-ci, dans une cruelle indifférence envers les textes régissant le droit d'accessibilité à la culture pour tous. Ce serait un affront inopiné à la culture, à la démocratie, ainsi qu'au bon sens, et ce serait donner une bien triste image de notre université aux citoyens et aux institutions qui en financent le fonctionnement. Je suis certain que vous attendez un autre rayonnement pour Paris X en France et jusqu'à l'étranger.

 

Ainsi, veuillez considérer, Monsieur le Président, qu'il est temps de prendre les mesures nécessaires qui nous éviterons à tous la perte de temps et d'énergie que nécessite un combat d'envergure dans lequel nous ne manquerions pas de nous engager, avec la presse, avec les syndicats étudiants, avec l'ensemble de nos partenaires et les nombreux acteurs de cette manifestation. Nous en référons à votre sens de la démocratie, sinon à votre conscience de l'utilité de votre fonction et de celle de l'université.

 

Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de mes meilleures salutations.

 

Pour le comité d'organisation

 

Stéphane Arnoux


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